Annoncée comme vertueuse en transition énergétique, en réalité miroir de l’agro-industrie !
La méthanisation, «processus de transformation biologique de matières organiques en anaérobiose conduisant à la production de biogaz, le méthane, et de digestat» (rapport du Sénat sur la méthanisation) s’étend ces dernières années à un rythme fou depuis que la motivation financière s’est emparée du processus ! (voir article Reporterre)
Quelques chiffres : en 2012 on comptait environ 100 unités de taille variable en service, contre 620 en 2020 (source ADEME).
L'installation est repérée par le dôme du fermenteur et par le tas de déjections et le stock de déchets qui nourriront le fermenteur puis par un digesteur qui recevra le digestat. Dans le digesteur; une mixture de déjections animales, d’eau et de déchets végétaux ou animaux chauffée à une température de 38 à 50°C pendant 3 jours ; la mixture se transforme en absence d’O2 en grosses bulles de gaz 50 à 60 % de méthane (CH4), 40 à 50% de CO2, un peu d’H2S. A la fin le digestat est séparé en deux : une phase liquide eau ammoniacale (NH4) qui peut s’évaporer (gaz à grand effet de serre) ou s’infiltrer dans le sol et polluer la nappe phréatique lors de l’épandage et une phase solide qui est fertilisante mais qui contient des herbicides et beaucoup de bactéries qui peuvent-être pathogènes ou résistantes aux antibiotiques. Il est réparti sur des zones d’épandage comme produit azoté.
Quelles sont ses vertus exposées dans les rapports ?
La première est un apport dans le mix énergétique -la mission sénatoriale citée plus haut prévoit 10% en 2030- en produisant du méthane (CH4) appelé biogaz en remplacement des carburants fossiles ou de la chaleur et de l’électricité par cogénération. Et dans le digestat il y a un apport d’engrais pour les terres. La deuxième, fortement encouragée, peut constituér un complément de revenus sur l’exploitation . La troisième enfin une valorisation des déchets industriels, boues urbaines, déchets animaux et végétaux.
En fait c’est le miroir de l’agro-industrie et de ses défauts !
Un nouveau métier dans cette agro-industrie est apparu : énergiculteur.
Rappelons-nous l’épisode de la ferme des mille vaches en 2014. Chez un industriel du Pas de Calais, pour installer 1000 vaches enfermées 7 jours sur 7 sur des sols bétonnés pour produire du lisier, en extraire le méthane pour fabriquer de l’électricité revendue à EDF, le lait produit serait vendu à bas prix et le digestat serait répandu sur des milliers d’hectares de terres agricoles et ceci sans aucun paysan. Episode interrompu par l’action de la Confédération paysanne.
Le digestat est très azoté et cela induit une pollution de l’air, contaminé par du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois le pouvoir du CO2. Pour nourrir le fermenteur, il faut ajouter des végétaux (céréales, maïs ensilage, foin autres aliments…) qui sont cultivés loin de celui-ci, parfois plusieurs centaines de km et ensuite acheminés par camions, cela constitue un accaparement des terres alimentaires pour produire de l’énergie. Le digestat répandu est riche en eau ammoniacale qui s’infiltre dans le sol polluant les nappes phréatiques et en bactéries, antibiotiques, pesticides ayant une action négative sur la flore et la faune du sol, nécessitant l’intervention d’hygièniseurs.
Le méthane produit par la fermentation peut s’échapper du fermenteur c’est un gaz qui a deux défauts il est très inflammable et a un effet de serre 25 fois plus que le CO2.
L’équilibre économique n’existe qu’avec un financement public scandaleux (subvention de l’ordre de 30%).
Pour les Faucheur-euse-s nous refusons un tel système qui dédie des terres aux cultures énergétiques au lieu de les utiliser pour une agriculture paysanne moins gourmande en énergies fossiles et produisant une alimentation saine, et où les bêtes ne valent plus que pour leurs déjections et nous exigeons un moratoire sur la méthanisation.