En 2023, la Commission européenne (CE) prévoit de déréglementer la majorité des OGM.

 

Les OGM sont définis par la directive européenne 2001/18: ce sont des organismes génétiquement modifiés d'une façon qui ne se fait pas naturellement.

La mobilisation citoyenne contre les OGM en France a abouti en 2018 à un arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne qui confirme que tous les OGM obtenus par des nouvelles techniques de modification génétique sont des OGM soumis aux obligations d' évaluation des risques, d'étiquetage et de traçabilité et suivi post commercialisation.

Mais les multinationales des biotechnologies ne l'entendent pas ainsi et depuis 2018, se sont données d'énormes moyens pour contrer cet arrêt.

 

L'exécutif européen (la CE) y a été sensible. Il a publié le 5 juillet 2023 sa proposition qui vise à faire disparaître juridiquement la plupart des nouveaux OGM qui s’appelleront végétaux NTG (= nouvelles techniques génomiques). Changer le nom : subterfuge et mensonge.

   Le texte de cette proposition, basé sur des «opinions» de l'EFSA (Autorité sanitaire en Europe) et des consultations biaisées est truffé d'approximations et de mensonges scientifiques présentés comme des vérités. Le plus déterminant de ces mensonges est de dire que ces «végétaux NTG» pourraient ne pas différer des végétaux issus de la la sélection traditionnelle ou de la nature. La CE prétend que l'on ne pourrait pas distinguer les plantes modifiées de celles qui ne le sont pas. Or, un rapport d'experts européens le contredit mais la CE l'ignore. D'ailleurs, les développeurs qui déposent des brevets sur ces OGM mettent en avant ces différences pour justifier leur innovation, preuve qu'elles existent.

   La CE ne veut plus considérer le procédé de modification génétique mais le produit c'est à dire le végétal obtenu par ce procédé. Pour parler d'équivalence entre plantes, elle ne compare que les séquences numériques des gènes concernés. L'ensemble du génome, son organisation, les autres caractères de l’organisme sont ignorés. Elle prévoit donc de supprimer l'obligation de publier le procédé.

 

Ainsi, les 5 multinationales semencières actuelles pourraient commercialiser ces plantes sans entraves et s'approprier encore plus le vivant. Les conséquences sont nombreuses et préoccupantes :

    -  l'autonomie semencière des petits paysans serait compromise : sans publication des procédés concernant ces OGM nouvellement baptisés NTG, ceux-ci n’auront aucun moyen de prouver que leurs semences traditionnelles ne sont pas des contrefaçons d’OGM brevetés. L'agriculture biologique est particulièrement menacée par ces contaminations et serait condamnée à disparaître.

    -  ces OGM n'étant plus étiquetés, tous les habitants de l'Union mangeront des OGM sans le savoir... Leur droit à une alimentation choisie n'existerait plus.

    -  les petits semenciers européens devront payer des royalties aux titulaires des brevets, ils disparaîtront.

   -  plus inquiétant encore : la CE considère que, puisque les plantes obtenues sont équivalentes aux plantes traditionnelles, il n'y aura pas lieu, dans la plupart des cas, d'étudier leurs risques. D'ailleurs, le texte de la proposition le dit clairement : «le cadre législatif actuel  n’étant axé que sur les risques n'est plus adapté pour permettre à l’Union de tirer parti des nouveaux développements en matière de biotechnologie». Pour ces «nouveaux» OGM», les effets non intentionnels de ces manipulations génétiques dont certains très préoccupants pour tout le vivant, ne seront plus considérés (alors que même l'EFSA les reconnaissait pour certains cas) ... Le principe de précaution pourtant inscrit dans le droit européen n'est plus mentionné et ne sera plus appliqué.

 

La CE habille aussi son texte de promesses concernant ces «végétaux NGT» et introduit un concept de durabilité des plantes alors que tout paysan ou biologiste le sait : cela n'a aucun sens, seuls les systèmes agraires peuvent prétendre à la durabilité.

Cerises sur le gâteau :

      -  la CE exonérerait toutes les techniques actuelles et même celles à venir

      -  la CE interdirait d’interdire la culture de ces «nouveaux» OGM aux États de l'Union !

Alors que les discussions ont commencé au Conseil de l’UE, la présidence espagnole actuelle du Conseil veut accélérer la procédure et souhaite son adoption avant la fin de l’année. Bien évidemment les FV restent fortement mobilisés contre cette proposition de la CE.

Crédit photo : EmDee, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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