Le 25 février dernier, l'association «Alerte aux Toxiques» et sa porte-parole Valérie MURAT ont été solidairement condamnées par le Tribunal de Libourne (33) à verser 125 000 € au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) pour «dénigrement commercial» des vins de Bordeaux. Pas moins!
En cause, la publication par leurs soins du piteux résultat et donc PEU VALORISANT des analyses en laboratoire de résidus de pesticides dans des vins de Bordeaux labellisés HVE comme «Haute Valeur Environnementale». Le 10 novembre dernier, leur appel a été rejeté par le Tribunal de Bordeaux parce que les 125 000 € n'avaient pas été préalablement payés. Justice de classe donc !
UN LABEL QUI TROMPE LES CONSOMMATEURS
«La certification HVE est avant tout un nouvel outil de communication et de marketing, dégainé pour l’agro-industrie et la grande distribution à destination de consommateurs et consommatrices en quête de meilleures pratiques de consommation.»
C'est ce qu'analyse la Confédération Paysanne depuis déjà plus d'un an (1) et le syndicat n'est pas la seule organisation à dénoncer ce nouveau label HVE qui prend donc la suite du fameux label d' «agriculture raisonnée» de l'association FARRE (2) qui, déjà en 2009, faisait dire aux Amis de la Terre que: «l’agriculture Bio, elle, est vraiment à l’opposé du modèle promu notamment par la FNSEA. L’essor et l’engouement du public pour une agriculture respectueuse des Humains et de la Nature (Bio ou Paysanne), représentent une menace pour le modèle agricole dominant». En février 2004, le journal Sud-Ouest organisait un débat sur les OGM à la foire agricole de Barcelonne du Gers, Mr Garbage, agriculteur bio, intervint alors pour poser le problème de la contamination génétique des productions biologiques. Mr Bernard Layre, président du Comité jeunes agriculteurs de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles – FIPA – lui répondit : “Si les agriculteurs bio ne veulent pas disparaître, il faudra bien qu’ils s’adaptent et qu’ils acceptent un taux de contamination génétique, comme pour les pesticides”.
Comme le notait le 7 février 2020, le cabinet d'avocats Keller & Heckman (3), il existe entre AB et HVE en effet « des différences notables de cahier des charges. Les certifications AB et HVE sont donc toutes deux des démarches volontaires, affichant des objectifs de protection de l’environnement, basées sur des cahiers des charges précis et définis par la réglementation – européenne pour le bio, nationale pour la HVE –, associant des contrôles périodiques, par des organismes agréés par les autorités.
Mais tandis que les termes et le logo AB fournissent des informations sur les caractéristiques globales d’un produit d’origine agricole, la mention HVE valorise davantage l’exploitation dont il est issu. En outre, certaines différences dans les cahiers des charges AB et HVE sont notables : par exemple, l’utilisation des OGM et des pesticides de synthèse est strictement interdite en production biologique, mais (cette interdiction. NDLR) n’est pas requise pour la certification HVE; tandis que les utilisations, parfois massives, de cuivre ou de soufre sont tolérées en bio, mais pourraient déclasser une exploitation HVE. »
HVE AUTANT SINON MIEUX QUE L'AB DONC..?!
L'objectif est donc bien celui-là : ne surtout rien changer aux itinéraires techniques (sauf à baisser l'Indice de Fréquence de Traitements _IFT avec possibles OGM_VRTH_NBT (new breeding techniques) ou NGT (new genomic techniques) _ et pesticides associés désormais) et les communiquer comme étant maintenant «vertueuses» et contrecarrer voire stopper net l'essor de l'agriculture biologique.
L'association portant le label HVE (4), qui se garde bien désormais de décliner l'identité de ses thuriféraires (revoir 2) conjointement au Ministère de l'Agriculture, ne manque pas de se féliciter de la progression toutes filières confondues du nombre des certifications HVE.
Faut-il y voir un lien avec l'absence de réponse du gouvernement au Conseil d'Etat lui injoignant de se conformer aux directives CE en matière d'OGM_VRTH_NBT (new breeding techniques) ou NGT (new genomic techniques ) depuis 2018 ?
Et ne faut-il pas, devant un tel "cheval de Troyes" institutionnel envisager d'urgence un appel au boycott généralisé du label HVE, avant même que ne s'en emparent les producteurs d'oléoprotéagineux ayant drastiquement baissés leur IFT ?
Ce ministère de l'Agriculture ne nous prendrait-il pas pour des poulets lourds labellisés "Better chicken commitment" "made in Bzh", c'est-à dire confinés à 15 par m2 mais éclairés à la lumière naturelle, lorsqu'il supprime les aides au maintien en bio, en même temps qu'il octroie le même crédit d'impôt (2 500€) au bio et au HVE tout en nous assurant que les importations de soja OGM c'est (bientôt) fini, même si ça dure toujours et qu'en même temps on développe un plan Marshall protéines : tourteaux à base de colza et tournesols VRTH_NBT (new breeding techniques) ou NGT (new genomic techniques ) et donc huiles du même acabit mais néanmoins OGM et donc sans traçabilité en rayon, après avoir «réhabilité» les néonicotinoïdes pour sauver les usines de production d'éthanol de betteraves en voulant nous faire croire en une pénurie de sucre ?
Devrons-nous, à l'instar de l'association "Alerte aux Toxiques" pour les vins HVE de Bordeaux, faire analyser les huiles de colza et de tournesol HVE, à moins qu'elles ne soient seulement destinées au bio-éthanol et qu'on ne trouve donc jamais de ces huiles en rayon ?
A propos de rayons, nous avons au moins les Agromousquetaires (Intermarché) qui se piquent à la HVE : «en 2019, Agromousquetaires, le pôle agroalimentaire du Groupement Les Mousquetaires, s’engage dans une démarche d’accompagnement de ses partenaires grâce à l’agroécologie avec le label Haute Valeur Environnementale (5). Pour commencer, deux filières pilotes sont concernées : le blé et le vin. »
Et alors que nous y avons droit à un cours magistral sur l'agroécologie et la préservation de la biodiversité, ce n'est pas de chance pour l'équipe de communication d'Intermarché: l'Office français de la biodiversité, établissement public, estime que «cette certification (HVE, ndlr) ne devrait pouvoir être prise en compte dans le cadre de politiques publiques environnementales, ou en tant qu’argument de commercialisation sans tromperie du consommateur, qu’à la condition d’une révision profonde des critères d’éligibilité (6) ».
Enfin, la Cour des comptes a aussi récemment estimé que la HVE n'apportait "pas de garantie environnementale suffisante à l'heure actuelle".
En l'attente, nous pouvons nous demander, comme le fait la Confédération Paysanne de Gironde, si nous sommes toujours en démocratie (7) mais nous devons absolument soutenir "Alerte aux Toxiques" et sa porte-parole Valérie MURAT (8) pour réunir au plus tôt les 125 000€ qui lui permettront d'interjeter appel de ce jugement inique.
Pour suivre l'historique de cette affaire invraisemblable voir PIG Bzh
Jil Quillevere pour FV Bzh
Cagnotte de soutien en ligne à AAT et Valérie Murat: https://gofund.me/b1367269
Pétition en ligne demandant le retrait de la plainte du CIVB: Change.org/SupportValerieMurat
Bulletin d'ahdésion à Alerte aux toxiques: alerteauxtoxiques.files.wordpress.com/2021/09/bulletin-adhesion-aat-.pdf
Vidéo explicative sous-titrée en anglais
Vidéo explicative sous-titrée en allemand
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https://www.amisdelaterre.org/farre-l-agriculture-raisonnee-ou-un-drole-de-reseau-de-protecteurs/
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https://www.reussir.fr/lesmarches/la-hve-francaise-t-elle-une-place-face-au-bio-europeen
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https://hve-asso.com/les-chiffres-clefs-de-la-haute-valeur-environnementale-au-1er-janvier-2021/
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https://www.pleinchamp.com/actualite/selon-l-ofb-tout-le-referentiel-hve-est-a-revoir
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https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/10/22/sommes-nous-encore-en-democratie/#comment-48367
Mots clés : HVE, CIVB, procès baillon, vin, Bordeaux, Toxiques, pesticides
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